En ce deuxième dimanche d'avril, le ciel bleu domine le haut du phare. La visite de celui-ci vient d'être interrompu, pour raison météorologique nous explique la pancarte. Au sol, un couple et leur fille restent interdits devant les grilles fermées. "Si les conditions ne sont pas remplies aujourd'hui, on se demande quand elles "le seront" ironise le mari. J'ose intervenir en expliquant que le vent est assez important et que la vérité du sol n'est pas celle du balcon du phare. Que là-haut, ça souffle. Les touristes repartent, avec une pointe de déception "on était de passage". Comme si être de passage suffisait pour apprendre à connaître, à aimer cet endroit. Moi qui l'ai vu sous toutes les saisons, je ne me lasse pas de redécouvrir la magie de l'endroit. Il faut savoir capter le moment, savourer l'instant. Car ici, il n'y a pas que le phare. A tel point qui si quelqu'un me demandait conseil pour découvrir Eckmühl, je l'inviterais à le faire très progressivement. Pour se laisser gagner par l'ambiance du lieu. C'est justement ce que je vous invite à faire au cours de ce dossier, et des photos qui l'accompagnent.

Premier itinéraire proposé, en partant de Saint-Guénolé. Là, du port de pêche, on devine déjà la silhouette du phare. Lointaine mais bienveillante, éloignée mais rassurante. Ici, l'endroit est fonctionnel, rien de superflu. Le port ne s'embarrasse de rien, et seul le marché hebdomadaire vient perturber cet environnement. C'est ce côté presque austère, que les guides touristiques définissent parfois comme "authentique" qui pourra rebuter les uns, attirer les autres. Non loin d'ici, des endroits plus charmeurs attirent plus aisément les touristes : les rochers de Saint Guénolé, la pointe de la Torche. Des endroits naturels superbes, bien sûr. Mais il y a dans ce port une telle impudeur, à se livrer nu à nos regards, que je ne peux éviter l'endroit lors de mes passages .... En partant de cet endroit, dirigeons-nous vers Saint Pierre, Sant Per dit-on en Bretagne. Côté mer, bien entendu, et pour la direction, c'est facile, suivez le phare. Lors de ma progression, je croise des cygnes qui glissent sur la mer, calme. Puis, nous voilà à la hauteur du Sterenn, hôtel-restaurant panoramique, dégustation de fruits de mer. Combien de fois suis-je venu ici, pour un dîner entre amis, tout en admirant le coucher du soleil, et l'allumage du phare. Je ne sais combien de fois, mais je sais que la dernière fût en 1997. A l'occasion du centenaire d'Eckmühl, j'avais tout naturellement pensé venir en ce lieu durant les festivités. Si, lors de ma réservation, la responsable de l'établissement me confirme la disponibilité de chambres, elle se rétractera ensuite, ne souhaitant pas accueillir des personnes accompagnées d'enfants, ceux-ci payant demi-pension et ne mangeant pas à la carte ... Par contre, elle m'invite à la recontacter deux semaines avant le centenaire, "s'il me reste des chambres, je vous les louerais avec plaisir". Ben voyons ! Mais je me suis laissé aller et je diverge.

Le fil de nos pas nous a emmené à Notre-Dame de la Joie.  Bien que n'étant pas croyant, j'ai toujours une grande émotion lorsque je visite cette chapelle. Au loin, le phare se dresse, parallèle au calvaire. Entre Notre- Dame de la Joie et le phare lui-même, une immense étendue. C'est ici, qu'en 1997, étaient dressés les chapiteaux pour les spectacles et la restauration. J'en garde d'excellents souvenirs de cette fête. Il est vrai qu'en 1997, toutes mes vacances ont été consacrées à me rendre aux différentes festivités. Le centenaire ayant déjà sa place dans le site, je ne vais pas m'attarder dessus. Mais je garde de ce 17 octobre 1997 un goût sucré par le plaisir d'y être, salé par l'océan. Et quand la fête est partagée, elle n'en est que meilleure.  Alors d'avoir fait cela en famille était déjà à mes yeux très important, mais quand en plus deux amis se joignent à nous ... Spécial clin d'oeil à Noëlle et Sylvain. 

Mais revenons à aujourd'hui. Côté océan, le phare n'est pas le seul à signaler la dangerosité de l'endroit. Des bouées et balises l'épaulent. Même si elles semblent bien petites par rapport à Eckmühl, leur rôle n'en reste pas moins primordial.

Puis arrive le moment tant attendu. Nous arrivons au pied du Roi, au pied de 70 mètres de beauté. La visite du phare est possible en fonction de la météo, nous l'avons déjà souligné au début. Mais, si ouverture il y a, excursion dans la tour il doit y avoir. Vous ne trouverez pas sur ce dossier d'entretien avec le personnel du phare d'Eckmühl : ce n'est pas une volonté de ma part, mais simplement parce que cela, je cite "n'intéresse pas" le fonctionnaire des lieux. C'est son choix, et c'est mon droit de trouver cela très nul .. Le seul endroit où un employé des Phares et Balises aura refusé de me parler, c'est à Penmarc'h,  là où tout à commencé ! Probable que ce Monsieur a(?) une haute opinion de sa position, de sa fonction. Je vois cela depuis ma petite personne qui a souvent accepté de répondre aux sollicitations des autres. Bref, j'espère qu'être gardien de phare (enfin ce n'est même plus le terme) aujourd'hui ce n'est pas se la jouer à la frime. Sinon, notre cause est mal partie ...  Heureusement qu'à Porquerolles, les gardiens savent recevoir ! Pour la première fois de ma vie, j'ai honte de ce phare ...Enfin, lui n'y est pour rien et survivra à ces gens hautains incapables de partager leur passion, euh pardon, leur gagne-pain ... Parce qu'une passion, cela se partage, fatalement. Enfin, n'accordons pas trop d'importance aux choses qui n'en n'ont, finalement, pas ...


Il ne saurait y avoir de visite du lieu sans un détour sur deux endroits. Les lignes qui suivent sont entièrement libres de publicité.  Faisons une halte à l'office du tourisme de Penmarc'h, au pied du phare, of course ! Lors de mon récent passage, j'ai eu le plaisir de revoir Nathalie. Un rayon de soleil en ce lieu, même les jours de pluie. Si tous les syndicats d'initiative avaient une telle personne, ce serait un régal. Si vous allez à Saint-Pierre voir le phare d'Eckmühl, il vous faut aller saluer cette charmante jeune femme. Et je dis cela en toute amitié ... Je suis persuadé que si, en tant que Pharelandaises ou Pharelandais, vous la sollicitez, vous aurez un accueil encore meilleur, si cela est possible ... Le second endroit n'est sans aucun doute pas des plus originaux. Il n'empêche. Depuis mon adolescence, j'en ai ramené des souvenirs de Penmarc'h. Et nombreux, très nombreux, sont ceux qui proviennent de cette boutique. Je lui trouve du charme, moi ! Un petit tour s'impose donc dans Eckmühl boutique, au pied du phare. Une visite, et un achat.

Si nous poursuivons notre visite vers l'ancien phare de Penmarc'h, le centre de découverte, nous aurons alors ici la possibilité de faire de superbes photos. Le phare se reflète dans la mer, en cet endroit bien calme. Les couleurs sont chaleureuses, et le cadre se prête volontiers à la composition idéale d'une photo .. Nous avons sous les yeux trois générations de phares, tous debout, ce qui est assez rare pour être souligné. Prenez le temps de savourer l'endroit, de l'aimer, de le laisser vous envoûter. Ici, je venais adolescent. Ici est la naissance d'une passion, et de par la même de mon site. A la question "d'où me vient cette passion pour les phares" je répondrais volontiers "d'ici". J'aime Eckmühl, cet endroit, ses odeurs. Qui reste insensible à un pareil moment magique ne pourra jamais comprendre pourquoi, même en temps de grisaille, on peut apprécier ce Finistère, sauvage, mais oh combien nature.

Non loin d'ici se trouve Kérity. En s'y rendant, le promeneur, le randonneur, l'amoureux de la mer y croisera encore bien des endroits magiques pour la photo, et le régal des yeux. En ce jour-là, j'ai eu aussi le plaisir de rencontrer un chat. Qui se roulait à loisir dans le sable? La couleur de sa robe se mélangeait à celle du sable ... Ici, c'est aussi la parfaite situation pour admirer le soleil se coucher. Le soleil tourne autour de la terre, mais aussi autour du phare. Il accompagne sa mise en marche le soir, et commande son arrêt à la levée du jour. Et au fil des heures, il rend par son éclairage un hommage permanent à la beauté du lieu. Il n'existe nul endroit en France où l'union entre l'eau, la terre et le feu n'est mieux représentée ... L'eau, la terre et le feu, les trois éléments, le Triskell, cher à notre Bretagne.

 

Pour ceux qui souhaiteraient confirmer cette impression, je les invite à revenir sur Saint-Guénolé. En parcourant la piste cyclable du marais de la Joie, le phare se profile au loin. Jouant avec les eaux, il prend toute sa valeur le matin de bonne heure ou le soir, au coucher du soleil.

 

Vous l'aurez compris, en cet endroit, la moindre parcelle devient magique pour qui sait la regarder, l'aimer. C'est ainsi dans le pays Bigouden. Nombreux sont ceux qui passent à côté de sa beauté. Mais plus nombreux encore sont ceux qui en sont devenus amoureux. Terre sauvage, naturelle, qui n'a cherché nullement à adopter le touriste, mais qui a su garder son authenticité, nous sommes ici au coeur d'un pays superbe. Mais surtout ne le répétez pas trop, l'afflux de vacanciers pourraient nuire à la qualité de cette vie paisible. Sachons simplement, et très discrètement, tomber sous le charme, la magie, de l'endroit. Ensuite, sur le chemin du retour, vous pourrez, à votre tour, dire "moi aussi, j'ai aimé"

Quelques adresses aux environs :

Si vous avez envie de savourer de bonnes crêpes dans un cadre original, et avec un accueil très sympathique : La Korrigane à Landudec (02 98 91 55 52) Une spécialité la "Tarticrêpe".
Sur le chemin, et comme c'est à côté, vous pouvez faire un tour à la cidrerie Kerné, à Pouldreuzic. Un des meilleurs cidres, si ce n'est le meilleur à mes papilles.
J'ai volontairement enlevé de mon site le champ des sirènes, crêperie à Plomeur. Suite au changement de propriétaire, la carte a changé, s'est banalisée ... Quitte à manger dans le coin, je vous recommande la crêperie Men Lann Du à Plomeur. Seul bémol, on ne peut réserver. Et ne croyez surtout pas lorsqu'au téléphone, on vous dit qu'il ne reste qu'une table, car j'ai entendu cette réponse alors que la salle était à moitié pleine. Une solution de rechange à la Korrigane si cet établissement est complet, mais sinon, n'hésitez surtout pas. Sinon, j'ai bien aimé le cadre, l'accueil et la qualité de la crêperie le Rayon vert à la Pointe de la Torche (tel 02 98 58 50 54). Malgré le cadre qui pourrait faire redouter les pires pièges touristiques, vous serez ici reçu très correctement, et ce sera l'occasion de passer un excellent moment. La séparation fumeurs - non fumeurs est très appréciable. Belle terrasse extérieure pour les crêpes au sable (je plaisante).

Et puis le must pour finir votre soirée, à Pont l'Abbé, sur la route de Plomeur. Cherchez le Carriocca. Et allez y. Si les propriétaires, Sylvie (une Pharelandaise !) et son mari Jean-Paul sont là, dites que vous venez de Phareland. Cela, au moins, me fera plaisir !

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