Le groupement des panneaux est
différent suivant la nature du phare donnant un groupe de trois éclats,
on compose le système optique de trois panneaux, qui sous-tendent chacun
horizontalement un arc de 72°. Si le mouvement d'horlogerie fait
exécuter à l'appareil un tour complet en 30 secondes, chacun des trois
panneaux optiques émet un pinceau lumineux et toutes les 30 secondes, le
navigateur aperçoit un groupe de trois éclats.
Dans d'autres appareils on dispose des groupements symétriques deux à
deux, par exemple quatre panneaux groupés par deux. Si l'appareil fait un
tour complet en 10 secondes, le navigateur apercevra un groupe de deux
éclats toutes les 5 secondes. Les combinaisons sont, comme on peut en
juger, extrêmement nombreuses et variées et servent ainsi à identifier
les différents phares et feux placés sur les côtes.
La cuve à mercure qui sert pour ainsi dire de pivot de rotation au
système, est placée sur une colonne d'un diamètre en rapport qui permet
au gardien de pénétrer à l'intérieur des grands phares, afin de faire
le service de la lampe.
L'éclairage des phares est la partie qui a fait le plus de progrès à
notre époque Au temps de Fresnel, on utilisait l'huile et ce fut
d'ailleurs pour étudier cette question des mèches à huile, qu'en 1819
François Arago choisit, pour l'aider dans ces expériences , un jeune
ingénieur des Ponts et Chaussées, Fresnel, qui végétait en province et
qui s'était déjà signalé par ses belles recherches d'optique.
L'huile a naturellement été détrônée par des produits plus
éclairants : pétrole, vapeur de pétrole, acétylène et enfin
électricité. L'éclairage à la vapeur de pétrole est produit par une
double batterie de réservoirs dont un sert de rechange. Le réservoir
supérieur contient le pétrole nécessaire pour une durée de marche d'au
moins seize heures. Dans la partie inférieur, on comprime de l'air au
moyen d'une pompe qui est fixée sur le collier qui relie les deux parties
haut et bas. Par le jeu des robinets, on peut isoler chacune des deux
batteries ou les mettre en communication si on le désire. La vapeur de
pétrole est dirigée sur un manchon qu'elle rend incandescent. Un
éclairage de secours est prévu et il est constitué par un bec à trois
mèches du système dit à niveau constant.
L'éclairage par acétylène se fait avec manchons portés à
l'incandescence au même titre que la vapeur de pétrole. Certains
dispositifs de valves dites solaires imaginés par le savant suédois
Dalen permettent l'allumage et l'extension automatiques et l'on a fait
grand cas de ce procédé pour rendre inutile le gardiennage et supprimer
l'entretien. En réalité la valve solaire ne peut fonctionner que si elle
est parfaitement entretenue et la sollicitude du gardien ne fait que
changer d'objet.
Au point de vue de l'allumage et de l'extinction à distance,
l'électricité tient aujourd'hui le premier rang : la lutte de
l'éclairage électrique contre les autres systèmes n'est d'ailleurs pas
nouvelle.
Déjà en 1848, la commission des phares se préoccupait d'applique
l'électricité aux phares aec les piles voltaïques. En 1860, on eut
l'idée d'employer pour cet usage les courants d'induction, mais le
premier essai pratique fut réalisé en 1863, au phare de la Hève, avec
la célèbre machine magnétoélectrique de l'Alliance à 56 aimants
naturels.
Dans ces premiers essais où l'on put constater la supériorité de
l'arc comme puissance, les progrès réalisés ont suivi ceux de
l'industrie électrique elle-même, qui là encore est sortie victorieuse
de la lutte, reléguant le pétrole et l'acétylène pour les feux isolés
et moins puissants.
Il est en effet toujours possible, avec le transport de force, de
conduire le courant sur la côte et au besoin de le fournir au phare par
un petit câble sous-marin, si cela est nécessaire. L'utilisation de la
force des marées aura de plus ainsi un débouché tout indiqué à pied
d'oeuvre ; les frais d'établissement étant vite amortis par l'économie
du système d'éclairage électrique qui, en l'espèce, ne coûtera rien
d'autre que l'amortissement du matériel.
Jusqu'à ces temps derniers, les phares qui doivent avoir une grande
portée, qu'on appelle phares d'atterrissage, s'établissaient suivant
deux types : le premier comportait un appareil optique de grand ordre et
était éclairé par un manchon rendu incandescent par la vapeur de
pétrole ou par l'acétylène. Le second genre était constitué par un
système optique d'un ordre moindre, mais illuminé par une lampe à arc
électrique.
La puissance lumineuse, dans un cas comme dans l'autre, était la même
bien que les systèmes optiques fussent différents, car grâce à
l'éclat intrinsèque de l'arc électrique, on obtient avec lui une
puissance lumineuse beaucoup plus élevée.
Malgré tout, en raison de la faible dimension de l'arc, le pinceau
lumineux émis par le système optique n'a qu'une faible amplitude. Par
suite dans les feux à éclats, appelés par les marins feux tournants,
les éclats ont une durée très faible qui est de l'ordre du dixième de
seconde et cette durée est un peu réduite pour la bonne perception de
l'éclat.
Jusqu'à ces dernières années, il ne fallait pas songer à l'emploi
de la lampe électrique à incandescence, car le volume des filaments
s'accroissait avec l'intensité des lampes et l'éclat intrinsèque moyen
était toujours faible malgré qu'on augmentât l'intensité de la source
lumineuse.
Mais on a réalisé en ces derniers temps de très grands progrès dans
la construction des lampes à incandescence et on peut dire que l'on
dispose aujourd'hui d'une lampe à incandescence qui présente tous les
avantages de la lampe à arc sans en avoir les inconvénients. Il résulte
de cet emploi une grande simplification du service, lequel se réduit à
l'allumage et à l'extinction du feu par la manoeuvre de simples
interrupteurs, sans qu'on ait besoin de recourir à la présence d'un
gardien. Ce dernier n'est nécessaire que pour l'entretien des appareils.